PROGRAMME 2016-2017
Le mot du Président
Je suis tenté d’écrire : l’année qui vient sera encore une année de grande activité, et toi, lecteur, de penser : c’est chaque année pareil, on nous annonce une grande activité. Eh bien, il faut t’y faire, ami lecteur, la Société d’histoire de la Lorraine et du Musée lorrain est une vieille dame qui a de l’avenir. Elle a de nombreux complices qui sont des bénévoles bien décidés à donner du temps à toutes ses activités. Il n’y a qu’à lire la présente brochure pour en être convaincu.
Et qu’y trouve-t-on dans cette brochure ? Il y a d’abord les conférences et les sorties qui attirent quelque 4 000 personnes tous les ans. On sait que leur succès est limité par l’exigüité des lieux, mais, patience !, cela changera avec la rénovation.
Il y a ensuite une grande et belle exposition, La Lorraine pour horizon, la France et les duchés de René II à Stanislas, ouverte le 18 juin pour le 250e anniversaire de la réunion de la Lorraine à la France : 300 objets seront présentés dont certains prêtés par les grands musées nationaux ; elle sera visible jusqu’au 31 décembre 2016.
Il y a aussi la rénovation. Je sais, tu vas me dire, ami lecteur, c’est loin et il y a des tas de gens qui critiquent. Mais a-t-on jamais rien vu à Nancy qui ne soit critiqué dès qu’on en parle ? Non, mais cependant les choses avancent. Mme Azoulay, ministre de la Culture, vient de faire connaître ses intentions à ce sujet. Elle confirme l’intérêt de conserver le mur qui sépare le jardin du palais ducal du palais du Gouvernement, mur construit sous Stanislas par Balligand, et le moindre intérêt du bâtiment des écuries fortement modifié au cours des temps dont seule la charpente est ancienne. L’architecte travaille désormais sur une modification de son projet pour prendre en compte ces remarques.
Affaire à suivre. Et si Dieu le veut, je vous en parlerai dans la brochure de l’année prochaine.
Conférences Historiques de la Société de la saison
Automne – Hiver 2016-2017
« Lorrains sans frontières » est le titre qui a été choisi cette année pour évoquer les déplacements de tous ces Lorrains, partis au bout du monde pour s’y cultiver ou y trouver refuge, mais aussi tous ces étrangers qui, à travers le temps, y ont pris racine et s’y sont établis.
Terre de passage depuis la plus Haute Antiquité, la Lorraine doit cette capacité à la disposition nord-sud de son relief de côtes et surtout à sa situation historique particulière : à la jonction de deux mondes, l’un occidental et latin qui formera le royaume de France et l’autre, central et germanique qui constituera le Saint Empire.
Il est encore facile de trouver les traces de ces nombreux passages : la frontière linguistique qui partage le territoire dès le Haut Moyen Âge entre dialectes romans au sud-ouest et dialectes germaniques au nord-est ; les patronymes à consonance polonaise, italienne, espagnole, portugaise, signes des liens encore tangibles avec les ascendants.
Tous ces éléments seront évoqués lors de l’exposition qui se tiendra au Musée Lorrain pendant l’été 2017. Comme l’année précédente, nous chercheronsà les cerner et à les expliciter au cours de nos conférences. Nous aurons aussi à nous interroger sur les raisons qui ont poussé les habitants du duché à se déplacer, tout au long de son histoire :
Les raisons politiques, comme la Guerre de Trente ans, le départ de la famille ducale vers la Toscane et les Pays-Bas, puis, le retour du duc Léopold avec les Hongrois de sa suite et l’arrivée de Stanislas avec son entourage polonais.
Les raisons religieuses : la fuite des protestants, jamais tolérés dans le duché de Lorraine et en danger sur les terres évêchoises après la révocation de l’Edit de Nantes.
Ou les raisons intellectuelles : le départ des étudiants vers les universités françaises, impériales et italiennes, vers la Curie Romaine (6000 Lorrains au 16e et au 17e siècle) jusqu’à ce que la fondation de l’Université de Pont-à-Mousson ne vienne renverser la tendance et faire du duché une terre d’accueil pour les étudiants de toute l’Europe.
Les raisons économiques surtout : les grandes foires du Moyen Âge qui attiraient les marchands étrangers mais poussaient les Lorrains vers les Pays-Bas et l’Italie ; la reconstruction des villages après la Guerre de Trente ans par les maçons italiens et le repeuplement du duché au 18e siècle après les guerres de Louis XIV.
Et lorsque les premiers signes d’une économie moderne se mettront en place, l’arrivée de nouvelles populations pour travailler dans une Lorraine devenue française. Cet aspect de la question fera l’objet de nos conférences du début de l’année suivante, les migrations en Lorraine ayant été particulièrement importantes au 19e et au 20e siècle.
N. Moulin