Le palais des ducs de Lorraine – Musée lorrain a l’opportunité unique d’acquérir un objet sans équivalent en Europe : une lance d’apparat ayant appartenu à un guerrier de la fin du ve siècle.

Une pièce mise au jour dans le nord de la Meurthe-et-Moselle

Cette lance a été découverte en 1991 par l'archéologue René Legoux, sur la commune de Cutry, dans le nord de la Meurthe-et-Moselle, au sein d’une très vaste nécropole, où plus de 800 sépultures antiques et 284 tombes mérovingiennes ont été mises au jour de 1972 à 1991. Elle se trouvait dans une sépulture pillée vraisemblablement peu de temps après son enfouissement, et qui a livré peu de mobiliers. Il s’agissait d’une tombe masculine appartenant à un guerrier âgé d’une cinquantaine d’années. A proximité de cette sépulture, une tombe féminine exceptionnellement riche, et comprenant notamment des pièces d’orfèvrerie d’origine lombarde, pourrait lui être associée.

D’une longueur de 45 centimètres, la lance comporte une longue flamme de section losangique avec une arête bien marquée et au niveau de la douille, encore présente, une amorce d’attelle percée. Elle est ornée de deux crochets latéraux ou ailerons en bronze moulé figurant des félins, probablement des lions portant une crinière gravée.

 

Une inscription rarissime

Composé de fer, d'argent, de cuivre et de laiton, cet objet prestigieux, très richement décoré, comporte une inscription latine rarissime, déchiffrée par le chercheur polonais Krzystof Rzepkowski :

HAEC INTER VASTAS STRINGAT UENABULA SILVAS
QUI GAUDET RABIDIS OBUIUS IRE FERIS

Ce distique a été traduit de la façon suivante :

Que tire cette lance dans de vastes forêts,
Celui qui se plaît à affronter les bêtes féroces

Le texte est encadré par deux torsades bichromes en laiton et cuivre rouge. Il évoque une des occupations favorites des élites masculines franques et germaniques : la chasse, et notamment la chasse au sanglier. Plus qu'une simple évocation des plaisirs héroïques de la chasse, il s'agit bien ici d'un rappel des vertus morales de son propriétaire. Il est en outre d’une grande qualité littéraire tout à fait inhabituelle, même pour ce type d’armement réservé à une élite, fonctionnaire de très haut rang, militaire appartenant au cercle princier ou aux plus hauts grades de la hiérarchie militaire.

Les lances de ce type sont rares et peu présentes dans les collections publiques. Pièce sans équivalent en Europe, la lance d’apparat de Cutry a été notamment exposée au Palazzo Grassi, à Venise, en 2008, dans le cadre de l’exposition « Rome et les Barbares ». Fin 2016, elle a été présentée au musée national du Moyen-Age dans le cadre de l'exposition « Les temps mérovingiens ».

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Une pièce dans un excellent état de conservation

Découverte enchâssée dans une gangue de corrosions ferreuses, la lance a fait l’objet d’une importante restauration de la part du Laboratoire archéologique des métaux (LAM) de Jarville qui a mis en valeur son remarquable état de conservation.

Par ailleurs, la lance est presque intacte. Il ne manque qu’une attelle au niveau de la douille. L’attelle de renfort toujours présente est fragmentaire et a manifestement fait l’objet d’une réparation de fortune. Le trou percé à son extrémité permet en effet de la fixer à la hampe au moyen d’une corde ou d’une attache quelconque. Une réparation sans doute peu efficace pour partir à la chasse au sanglier, mais bien suffisante pour permettre un usage ostentatoire de la lance.

La Lorraine au 5ème siècle

Durant l’Antiquité, deux peuples gaulois occupent l’essentiel de l’espace lorrain : les Leuques au sud et les Médiomatriques au nord. A l’extrême nord, une partie du territoire relève cependant de la cité des Trévires.

Au 5ème siècle, l’Empire romain d’Occident favorise l’implantation de peuples barbares dans certaines provinces, notamment les Francs en Belgique et dans le nord de la Gaule. Ces populations, alliées de Rome, doivent répondre à différentes menaces : invasions d’autres peuples barbares, sécessions provinciales, révoltes fiscales. Elles sont chargées d’offrir leur protection militaire aux provinces où elles résident. Elles s’installent avec leurs chefs et leurs familles tout en conservant leur liberté et en reconnaissant l’autorité de l’empereur.

C’est sans doute à un de ces chefs qu’appartint la lance de Cutry.

À la fin du siècle, après la chute du dernier Empereur d’Occident, le jeune roi franc Clovis réussit à mettre la main sur plus grande partie de la Gaule grâce à ses qualités politiques et militaires.

La lance d’apparat de Cutry au palais des ducs de Lorraine

La lance d’apparat de Cutry aurait toute sa place dans le parcours historique du palais des ducs de Lorraine – Musée lorrain, actuellement engagé dans un vaste projet de rénovation :

- Elle provient d’un site lorrain du nord de la Meurthe-et-Moselle, dépendant de la cité des Trévires, dont le musée ne possède aucun témoignage ; or, dans l’optique de synthèse qu’il vise, on imagine mal le futur parcours historique du musée, premier parcours à être aménagé, dépourvu d’objets de cette origine. Combler ce manque apparaît d’autant plus important que le mobilier archéologique mis au jour en territoire trévire ne présente pas les mêmes caractéristiques, d’ordre stylistique notamment, que les pièces provenant de la partie centrale de la Meurthe-et-Moselle, région dont est issu l’essentiel des collections appartenant au musée.

- Elle date d’une période de transition, le 5ème siècle, peu représentée dans les collections.

- Enfin, de par sa qualité exceptionnelle, sa présentation au musée constituerait assurément l’un des « événements » de la réouverture de l’établissement.

La présentation de la lance pourrait être complétée par l’exposition, sous forme de dépôt, de certains autres ensembles provenant de Cutry, récemment cédés à l'Etat. C’est ainsi tout un pan de l’histoire du nord de la Lorraine qui pourrait ici être mis en valeur dans les salles d’exposition permanente du musée.

L’Etat, la Région Grand Est et la Ville de Nancy ont bien compris cet enjeu en s’associant d’ores et déjà à ce projet d'acquisition.

La Société d’Histoire de la Lorraine et du Musée lorrain s’est fixé jusqu’au 2 avril 2018 pour réunir les 30 000 € nécessaires à cette acquisition hors du commun.

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