Antoine BEAU

Né en février 1909, décédé le 12 septembre 1996, le Professeur BEAU avait été nommé Agrégé d'Anatomie en 1939. Il avait alors 30 ans et déjà de brillants états de service : sorti premier de l'Ecole de Santé Militaire de Lyon, premier de l'Ecole d'Application du Val de Grâce, il avait quitté l'armée dont il craignait les contraintes. Cinq fois lauréat de la Faculté de Médecine, Major de l'Internat, il était Secrétaire de l'Association des Anatomistes.

Il avait été élu en 1960 Doyen de la Faculté de Médecine par un vote unanime ; il combinait avec bonheur cette lourde charge avec la conduite d'un Service Hospitalier dont l'activité, favorisée par le baby-boom de l'après-guerre, prenait de plus en plus d'ampleur. Chaque jour, après les obligations de son Service où il arrivait ponctuellement à 9 h, il partait à pied à la Faculté rue Lionnois vers ll h pour retrouver ses "paroissiens" comme il se plaisait à le dire, qui venaient lui exposer leurs problèmes et où s'échafaudait la politique de la Faculté.

Les services qu'il a rendus à la communauté universitaire pendant cette période sont exceptionnels. Jouant de son influence et de son autorité, il a réussi à nommer, ou à faire nommer plus exactement, près de 70 professeurs agrégés ; certes les circonstances n'étaient pas les mêmes qu'à l'heure actuelle car les Facultés étaient en pleine expansion ; en tous cas, on peut dire que la plupart d'entre les plus anciens d'entre nous peuvent se prévaloir d'avoir eu un soutien actif et efficace de sa part ; ce soutien a été, il faut le reconnaître, parfois rapidement oublié ce qui l'attristait beaucoup.

Le Professeur BEAU devait diriger la Clinique Chirurgicale Infantile dès octobre 1955 et jusqu'en 1979 avec autorité, compréhension et humanité. Dans cette longue période, il était devenu Membre des plus hautes instances de cette discipline et il a oeuvré de façon déterminante, avec le Professeur NEIMANN, pour la réalisation d'un Hôpital d'Enfants digne de Nancy qui a fini par émerger, mais si tard que cet Hôpital a ouvert en 1982 et que le Doyen Beau, en retraite depuis 1979, n'a pas pu y exercer.

Comme tout homme actif, il craignait la retraite mais il a su trouver initialement deux dérivatifs à cette « mort lente » : d'une part le Musée de la Faculté rassemblé dans les anciens locaux de la physique, rue Lionnois, qu'il se plaisait à faire visiter, et si bien remis en valeur par le Doyen actuel à Brabois, d'autre part l'Académie de Stanislas qui convenait bien à son érudition d'humaniste, qu'il charmait par ses conférences et qui le porta à la Présidence pendant plusieurs années. 

Officier de la Légion d'Honneur, Commandeur des Palmes Académiques, Titulaire de multiples autres décorations étrangères dont de prestigieuses, Membre correspondant de l'Académie de Médecine et je passe sur tellement de titres, le Professeur BEAU a marqué son époque en homme de bien, d'une honnêteté intraitable, ennemi du favoritisme et des compromissions, à tel point qu'il n'a jamais utilisé ses fonctions pour obtenir des avantages et que son Service était constamment le dernier à bénéficier de travaux, de personnel ou de matériel. Digne successeur du Doyen PARISOT, le Doyen BEAU a donné un lustre incomparable à la Faculté de Médecine. 
En bref, il a fait tout son devoir et il l'a bien fait. Toute sa vie témoigne d'un labeur incessant au service des autres et de la Faculté.

Estraits de l'éloge du Professeur J. PREVOT